Snapchat: une image de fantôme dans le logo. Plus qu'un symbole, une réalité. Le fantôme de nos peurs.

Snapchat: une image de fantôme dans le logo. Plus qu'un symbole, une réalité. Le fantôme de nos peurs.

Le titre n'est en rien provocateur et n'a pas le but de solliciter votre curiosité mais bien au contraire de vous interpeler de manière violente et consciente d'un phénomène qui apparaît dans votre propre foyer: "la messagerie SnapChat". Mais qu'importe le nom s'il vous offre l'option message car toutes les messageries sont dangereuses. 

C'est la troisième fois que nous gérons, madame Cislini et moi-même, ce cataclysme psychologique dans laquelle se lancent à corps perdu des élèves du Cm2 en grande majorité. Nul n'est épargné. Les garçons comme les filles. 

Nous avons récupéré deux garçons en larmes dès 9h du matin et une fille désemparée sur trois affaires différentes et à des semaines séparées depuis la rentrée. Le temps d'arriver à l'école et en moins de 10 minutes, la machine infernale de la destruction mentale se remet automatiquement en route. 

Tout débute la veille pour les trois cas présents dans votre propre foyer, à partir d'un téléphone ou d'une tablette qu'utilisent les enfants. On se connecte, le wifi circule, et on rentre en communication écrite, verbale... avec les copains, avec les copines. 

Entre copains, entre copines, puis tous ensemble et hélas, pour le dernier en date, des cousins, la famille, des adolescents de 14-15 ans qui n'ont pas du tout les mêmes centres d'intérêt avec des dérives vulgaires voire à caractère sexuel. On peut inviter qui on veut...

Certains et certaines sortent rapidement du groupe mais il est déjà trop tard pour eux et pour elles. le Mal psychologique s'est glissé dans leur esprit. Les autres s'affrontent à coup de propos honteux, grossiers et inacceptables. La nuit sera agitée, l'enfer s'est déjà propagé. 

Nous récupérons, à la petite cuillère, des enfants qui se retrouvent sur le temps d'accueil; et en l'espace de 10 minutes, refont la soirée, s'affrontent un contre plusieurs sans un geste, tout par la parole, tout par groupe coinçant l'un  et, remue la pestilentielle déliquescence du monstre qui a envahi leur esprit.

Alors, des filles viennent nous alerter, un garçon vient taper à la porte de mon bureau en pleurs pour m'en parler. 

Merci à elles de tirer la sonnette d'alarme, merci à lui d'avoir confiance en nous. Ils ont encore la présence d'esprit de comprendre que ce qu'ils font n'est pas bien. Mais, hélas, ils sont partagés entre: en sortir de là, y retourner,  y sombrer. Telle une drogue insidieuse au triste nom de cybermonstre. 

Il y a urgence que vous, parents, vérifiez, contrôlez et surveillez votre enfant. Malheureusement, Snapchat efface les messages au bout de quelques instants, suffisant pour lire, mémoriser et découvrir des images ou des vidéos qu'ils n'auraient jamais du voir sans que vous soyez au courant.  

Il y a urgence à établir le dialogue avec lui, avec elle, avec ses frères et sœurs sur le rôle protecteur dont vous avez la principale mission.

Il y a urgence à réagir tous ensemble pour que votre enfant vive une vie d'enfant quand il rentre à la maison avec ses parents, avec sa fratrie, se déconnectant du monde extérieur. 

Il y a urgence  qu'il arrive à l'école comme on rentre dans un sanctuaire où le corps et l'esprit puissent se retrouver, se ressourcer et se concentrer pour accéder au saint Graal de la connaissance. Unique quête à sa liberté d'agir, de penser, d'épanouissement et de construction personnels. 

Il est impératif qu'un enfant de cm2 puisse continuer à vibrer pour ses héros, ses joueurs de foot, ses chanteurs et chanteuses pour enfant de cm2, de contes, de dessins animés, de jeux vidéos pour son âge, de balade en vélo, de square Saint-Jean, de blagues carambar... C'est si important, c'est tellement essentiel. 

Quant à nous, à l'école, les gendarmes de Bernis reviendront comme chaque année, avec des mots appropriés, car ils sont formés,  pour tous les cm, pour expliquer les dangers d'internet, le cyberharcèlement. Comme l'avait fait le procureur de la République l'an dernier et les gendarmes les années précédentes. 

Lors du conseil d'école de ce mardi 18 octobre, les représentants ont évoqué une réunion aussi pour les parents afin de les informer. Nous demanderons de réaliser une réunion avec ces gens compétents ouverte à tous les adultes sur un soir. 

Je vous en supplie. Sauvons nos enfants. 

          

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