Le Clos Gaillard à plein poumons.
03 juin 2021Ah, que la sortie fut belle et le temps à souhait ! Une sortie, une vraie sortie où toute l'école se retrouve par groupe certes mais ensemble dans un espace infini où l'herbe folle à en chatouiller les aisselles côtoie les fleurs printanières prêtes à être butinées.
Les parents ont répondu présents et nombreux, heureux et ravis, à l'appel. Les bus étaient pleins à en déborder pour certains et la cohorte de voitures, telles des poissons pilotes, suivait les maîtres de l'asphalte (les bus, pour ceux qui n'auraient pas suivi l'image).
A peine arrivé, tel Neil Armstrong posant son pied sur le sol vierge d'une terre inconnue, les petits oisillons criaient famine : "quand est-ce qu'on mange ?" et d'autres, imitant l'âne dans Shrek répétaient à tue-tête "on est bientôt arrivé ?" L'ogre prenant le visage du directeur mais aussi des adultes accompagnateurs.
Pour une CP, les fossés à sec étaient son chemin. Malgré les recommandations de sa maman de suivre le chemin tracé par l'homme, l'enfant s'obstinait à suivre les pas de son père chasseur, à l'affut de la moindre sauterelle. Un autre, pour parader devant les filles, réussit le pari d'avaler une fourmi. Le faciès grimacé qui suivit prouva qu'il avait eu tort et dégonfla sa parade de torse bombée. Certains, les lanceurs de cartable à la sortie des classes pleuraient leur souffrance de porter par eux-mêmes leur sac à dos. Essayant de le refiler à une bonne âme malgré les regards menaçants du grand méchant loup cravaté. Ce dernier donna sa bénédiction pour le passage étroit d'un goulot permettant aux enfants de se prendre pour des bérets verts et des légionnaires. La couleur brunâtre sur les genoux et le postérieur firent résonner, j'en suis sûr, la corde aiguë vocale de maman le soir rentré du côté de la machine à laver le linge.
Après une longue marche infinie et 250 bâtons récoltés, le sommet se rapprocha enfin. Un beau point de panorama qui méritait la photo mais certains groupes d'adultes préférèrent le selfie à l'espace infini des lieux. Puis le "vous pouvez manger" délivra 150 enfants affamés, au bord de l'anémie, épuisés par 4 kilomètres menés au rythme de sénateur.
A la table, un homme dont je tairais le nom, grand, mince, toujours prêt à rendre service cacha derrière sa bouteille d'un litre et demi d'eau, une petite bouteille verte en verre à l'écume au sommet et à la couleur houblonnée, aux perles de bonheur glissant le long du goulot, savourait égoïstement et discrètement sa boisson "gervoisée". Mais c'était sans compter sans l'œil d'expert de l'enseignante du Cm2 et du Directeur assis à sa droite pour découvrir le subterfuge. Mais si l'homme est bon et généreux par tout temps et tous lieux, il n'en reste pas moins homme et par une pirouette dont il a le secret, ne partagea point avec les deux pauvres malheureux agonisant à sa table. Il m'a déçu, énormément déçu...
La boucle bouclée, et retour au point de départ, les cp exténués posèrent pied à terre. Les plus grands repartirent pour une boucle supplémentaire de 4 km finie par une course effrénée avec les Cm2 qui voulaient impressionner la maîtresse. A ce jeu, ils pleurent encore car la Gazelle leur échappe toujours.
Une journée bien remplie, exceptionnelle dont l'apothéose fut un grand merci des mamans scrutant leur application téléphonique affichant fièrement le contrat rempli du jour en nombre de pas et de calories dépensées.
Quant à Matteo, heureux et ravi d'une si belle journée, il ne cessa de chanter "libéré, délivré" à qui voulait l'entendre puis en remontant dans le bus, se ravisa par quelques remords "j'espère que mes parents n'ont pas trop pleuré sans moi".
Une mention spéciale à Marie-Pierre pour sa première randonnée et qui recevra sous peu son diplôme.