La dernière danse pour Agnès Lassalle (article écrit en Avril).
14 oct. 2023J'avais écrit cet article juste avant les vacances de printemps, puis je l'avais supprimé afin d'éviter la polémique. Alors... avant d'écrire un nouveau en mémoire de Dominique Bernard, et tant pis pour ceux qui me le reprocheront.
Durant les dernières vacances scolaires de notre zone, Agnès Lassalle, professeur d'Espagnol de Saint-Jean-de-Luz, était mortellement poignardée par un élève en plein cours.
Qu'on soit du privé ou du public, le métier d'enseignant est le même et la passion qui nous anime est celle de transmettre non seulement un savoir mais aussi des valeurs.
Après la décapitation de Samuel Paty, à la sortie du collège, voici venu le temps de l'assassinat en classe d'Agnès.
On ne peut oublier Fabienne Terral, enseignante de maternelle tuée en 2014 à Albi dans l'école en présence d'une quinzaine d'enfants.
Ces meurtres ne sont que l'œuvre de déséquilibrés. Il ne peut pas en être autrement. Mais du haut de ces pyramides de violences où Samuel, Agnès et Fabienne nous contemplent, on se doit de constater que la base s'élargit de violences de mots, de propos, de gestes, de courriers, d'objets ...
Inutile d'aller à l'autre bout de la France pour parler d'insultes envers des AESH, des enseignants, des responsables d'établissement.
Inutile d'aller à l'autre bout de la France pour parler de coups adressés à des AESH, des enseignants, des responsables d'établissement.
Inutile d'aller à l'autre bout de la France pour récupérer un couteau qu'un enfant apporte pour ne récolter que la colère de la mère envers l'école pour une sanction dérisoire.
Alors, on pourra ériger la charte de la Laïcité. On pourra rédiger le système PHARE, remplir des documents, des papiers officiels, élever des grilles de 2 mètres de haut pour protéger les écoles d'une ZUP REP+, Victor Hugo se désole et pleure: "Qui ouvre une école, ferme une prison." Tout cela deviendrait il : "qui enferme l'école, ouvre une prison".
Le plus beau métier du monde deviendrait-il un enfer ? Doit-on l'aimer jusqu'à en mourir ? Suis-je devenu visionnaire ou dois-je rester utopiste d'un lendemain meilleur ?
Agnès nous a quittés. Alors, devant ton cercueil où danse ton compagnon pour t'accompagner jusqu'à ta dernière demeure, je danserai pour toi à ma prochaine danse.
Article écrit en Avril. Non autorisé à la publication. Merci.